Prenez du coq deux fueilles seulement,
et de rue moins la moitié ou néant, car sachez qu'il est fort et
amer :
de l'ache, ténoisie, mente et sauge, de chascun au regard de quatre fueilles ou moins, car chascun est
fort :
marjolaine un petit peu plus, fenoul plus, et percil encores plus; mais de porée, bettes, fueilles de
violettes, espinars et laitues, orvale, autant de l'un comme de l'autre, tant que de tout vous aiez deux
poignées largement :
eslisez et lavez en eaue froide, puis les espraignez et ostez toute l'eaue, et broyez deux
cloches de gingembre;
puis mettez ou mortier à deux ou à trois fois vos herbes avec le dit gingembre broyé,
et broyez l'un avec l'autre.
Et puis aiez seize oeufs bien batus ensemble, moyeux et aubuns, et broyez et meslez au mortier avec ce que dit
est, puis partez en deux, et faites deux alumelles espesses qui seront frites par la manière qui s'ensuit :
premièrement vous chaufferez très bien vostre paelle à huille, beurre ou autre telle gresse que vous vouldrez,
et quand elle sera bien chaude de toutes pars, et par espécial devers la queue, meslez et espendez vos oeufs
parmy la paelle et tournez à une palette souvent ce dessus dessoubs, puis gettez de bon fromage gratuisé
pardessus; et sachez que ce est ainsi fait pour ce qui brayeroit le frommage avec les herbes et oeufz,
quant l'en cuideroit frire son alumelle, le frommage qui seroit dessoubs se tendroit à la paelle;
et ainsi fait-il d'une alumelle d'oeufs, qui mesle les oeufs avec le frommage.
Et pour ce l'en doit premièrement mettre les oeufs en la paelle, et mettre le frommage dessus, et puis couvrir
des bors des oeufs : et autrement se prendroient à la paelle.
Et quant vos herbes seront frites en la paelle, si donnez forme quarrée ou ronde à vostre arboulastre et la
mangiez ne trop chaude ne trop froide.